Un texte que j'ai écris pour une amie, parce qu'elle m'a dit l'autre fois une phrase qui m'a inspirée. Et parce qu'elle m'inspire, elle.
Je l'ai écrit aussi parce que je me sens un peu comme ça en ce moment, particulièrement par rapport à la fin du texte.
J'ai fait une légère adaptation par rapport au texte d'origine également, c'est pour celà que les poètes n'écrivent pas dans la même langue que les personnages. Ceux-ci sont en effet censés être anglais.
Oh, et tout ceci est très cliché et très guimauve
A l’envolée de nos vies
L’orage a éclaté au dehors comme il l’a fait dans mon cœur. Je suis assise au milieu de notre lit défait, qui a connu cette nuit encore l’étreinte de nos deux êtres et qui, ce soir, n’abritera plus qu’un seul corps.
La pluie tombe à l’extérieur comme les larmes le font de mes yeux. La fenêtre ouverte laisse entrer cette eau et celle-ci ruisselle sur les murs, diluant peu à peu les preuves de l’existence de notre amour.
Tu as un jour écris à mon intention un mot sur ces murs trop blancs. J’ai enchaîné puis ils se sont remplis de tendres mots que l’on s’adressait l’un à l’autre.
Des citations extraites de poèmes, de livres, de films sont venues compléter ces messages. Beaucoup de vers. Baudelaire, Verlaine, Rimbaud et Apollinaire. Nos poètes préférés. Ils n’écrivaient pas dans la même langue que nous, mais leur poésie a su nous toucher malgré tout.
La langue de Shakespeare face à la langue de Molière. Notre chambre réunis les deux en son sein.
Mais la pluie efface tous ces mots, toute notre vie, comme les larmes qui brouillent mon regard font disparaître le décor de ce que nous avons construit ensemble.
Ensemble, ce terme qui n’existera jamais plus pour nous désigner, toi et moi. De nous, il ne reste plus rien, juste toi séparé de moi. Ca fait mal tu sais, de savoir que plus jamais je ne te prendrais dans mes bras, que plus jamais je ne serais heureuse avec toi.
La pluie continue de tomber et continue d’envahir la chambre. Les murs sont striés de noir, les gouttes d’eau se teintant du marqueur qui s’efface.
« Il pleut dans mon cœur comme il pleut sur la ville » a un jour écrit Verlaine. Cette phrase s’est retrouvée inscrite sur nos murs, et j’ai beau la chercher des yeux, elle a déjà disparu. Ce vers est l’illustration parfaite de mes sentiments actuels.
Verlaine… Ce poète était ton favori. J’avais une préférence pour Rimbaud, mais comme tu te plaisais à le dire « Sans Verlaine, Rimbaud n’était rien », de la même façon que moi, je ne suis rien sans toi.
Je ne sais ce que je vais faire maintenant que tu es parti.
Les larmes continuent de couler de mes yeux, et inondent mon visage. Mes lèvres ont le goût du sel. Celui que tu aimais tant. Tu t’amusais parfois à lécher mes larmes et ma bouche salée lorsque je pleurais, peu souvent pourtant. Tu disais qu’ainsi tu avalais ma tristesse et que je devais être ensuite joyeuse. J’ai l’impression que je ne connaîtrais plus ce sentiment.
Je me sens vide à l’intérieur, et j’ai mal, si mal. C’est comme si on m’arrachait le cœur petit à petit, que celui-ci devenait une masse ensanglantée et mourante.
J’ai cette impression d’être morte, mais pourtant vivante. Je respire, je peux bouger, mais je reste prostrée sur notre lit, les yeux fixés sur les ruines de notre amour. Je n’entends et n’ai conscience de rien, sinon de mon sang qui martèle mes tempes et des larmes de notre chambre.
Je n’ai envie de rien, sinon me réfugier entre tes bras, mais cela m’est désormais impossible. Ta chaleur m’est refusée à jamais, nos corps ne se fonderont jamais plus l’un dans l’autre.
Je ne peux me résoudre à imaginer ma vie sans toi. Je ne peux faire autrement pourtant. Tu es parti. Je n’ai aucune influence sur ceci. Je ne peux que prendre conscience de ce fait. Tu es parti. Parti. Parti. Pour toujours. Ces mots tournent sans cesse dans mon esprit. Je n’ai pas d’autre choix que de l’accepter.
C’est si difficile.
Comment admettre que la personne que l’on aime de tout son cœur, plus que soi-même, puisse s’en aller comme cela, sans aucune trace ni souvenirs, si ce n’est ceux gravés dans sa mémoire ? On ne peut vivre qu’avec, sans jamais le vouloir ni l’autoriser.
Alors il faut reprendre le dessus, parce que, malgré tout, la vie continue. Sans attendre que l’on aille mieux, mais c’est ainsi.
Je prends sur moi et je quitte le lit.
La pluie a enfin cessé, et les murs sont à nouveau blancs.
Je m’approche et cueille du bout des doigts une goutte d’eau sale avant qu’elle n’atteigne le sol.
C’est là que je le vois, seul survivant de cette noyade involontaire.
Ton premier message, écrit sur le bas du mur.
Un rayon de soleil frappe ce « Je t’aime » qui m’était destiné et que tu avais eu le courage d’écrire, puisque tu ne savais me le dire, et l’espoir revient.